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"Prendre soin de soi pour mieux prendre soin des autres"



Pourquoi avez-vous choisi le soin comme métier


Je crois que j’ai toujours voulu prendre soin des autres, d’abord en voulant devenir coiffeuse (prendre soin de l’image !) puis pompier puis infirmière…. Jusqu’à ce qu’un prof en seconde me dise : « Vises plus haut ! Tu as les capacités de faire de longues études, fais médecine ! »

Mon bac en poche, je m’inscris à la faculté de médecine et ces 7 années (redoublement de la première !) m’ont ravi ! J’ai aimé l’acquisition de toutes ses connaissances, la découverte des pathologies et des thérapeutiques, les stages d’externes, le contact avec les patients… Très consciencieuse, je savais mes cours sur le bout des doigts et excellais aux différents examens… Puis vint le concours d’internat, le choix difficile d’une spécialité… j’aimais toutes les spécialités alors j’en ai choisi une que je trouvais transversale, technique et intellectuelle : l’anesthésie-réanimation. Le monde du bloc opératoire est un microcosme particulier, un monde à part mais je me sentais bien dans ce rôle. Je prenais soin des patients pendant leurs interventions, veillait sur eux de l’induction (endormissement) au réveil, avec une attention particulière pour leur confort et la qualité de l’analgésie pour un atterrissage en douceur sans parler du soulagement apportée par la péridurale lors des accouchements. Et l’autre versant : la réanimation, on « sauve des vies », on est les supers docteurs…. Une reconnaissance recherchée ? Probablement mais, au total, un investissement personnel lourd, un surinvestissement, ces patients qui nous hantent jour et nuit… ce recul difficile à prendre pour pouvoir continuer.


Un événement ou une situation difficile que j'ai traversé


Janvier 2015 : « et soudain, tout s’écroule » ! Cela faisait des années que je passais de service en service alternant anesthésie et réanimation voir combinant les deux activités avec beaucoup de gardes, beaucoup de tension et je ne disais jamais non, je ne m’écoutais pas, j’ai atteint la limite, mes limites… le corps et l’esprit ont dit « STOP » ! Le gouffre, tout s’écroule du jour au lendemain, malgré les signes d’alerte que je refusais de voir… le fameux déni. Moi médecin, malade ? Vous n’y pensez pas !

Et le diagnostic tombe : Burn Out, épuisement professionnel… je suis « cramée » !

Arrêt de travail, psychothérapie (TCC), accompagnement professionnel, découverte des notions de risques psycho-sociaux et des moyens de les prévenir et de « guérir »… Guérir ? Puis-je guérir de ce mal-être ? De cet effondrement de tout ce que l’on a aimé, vécu, avec la découverte que finalement, tout cela est mauvais pour moi…


Comment j’ai accueilli et transformé cette expérience.


Une transformation de ce négatif en positif, aujourd’hui, avec le recul je dis même cette fameuse expression : « ce fut un mal pour un bien » ! Cette cassure dans mon rythme effréné m’a fait ralentir, me poser, me « pauser », m’interroger, grandir, prendre le temps pour réfléchir, avancer et me reconstruire… 5 ans après, je m’estime en rémission. Mes voyants d’alerte sont définis et me préviennent quand je repars dans mes travers… même si parfois, je ne les vois pas de suite. Cet épisode négatif fait partie de ma vie de mon parcours. Il y a un avant et un après. J’ai découvert le yoga, la méditation, j’ai appris à dire non si cela n’est pas bon pour moi, je prends mon temps pour prendre les décisions (je laisse infuser et l’univers m’apporte la réponse comme une évidence). J’ai quitté le CHU, j’ai erré dans différents endroits et j’ai retrouvé ma place, je crois, dans un hôpital ou je me sens bien et surtout j’ai repris gout à mon métier, j’ai retrouvé du sens, ce sens que j’avais totalement perdu et qui me poussait à me convertir dans autre chose mais je ne savais pas quoi. En fait, j’étais déjà sur le bon chemin mais il était accidenté, pleins de virages et je le suivais à 100 à l’heure… Il a suffi de ralentir et de retrouver progressivement du sens. Ce ne fut pas facile… loin de là ! Mais je crois que, maintenant, je suis à ma place.

Et j’ai développé un autre sens : le toucher par le massage. Adepte inconditionnel des massages, je m’en offrais tous les mois depuis bien longtemps. Et le bien être ressenti après chaque séance était tellement important que je voulais en faire bénéficier les autres. Je me suis formée au massage assis, pratique réalisable en milieu professionnel, à l’automassage tout en approfondissant mes connaissances sur la souffrance au travail, en adhérant à des associations d’aides aux soignants, en participant activement à une commission d’aide aux anesthésistes réanimateurs… Prendre soin des soignants est devenu mon leitmotiv pour essayer, avec les moyens à ma disposition, de leur éviter de tomber trop bas.

« Prendre soin de soi pour mieux prendre soin des autres ».

Aujourd’hui j’ai créé une association (Pause Ressource), et je tente, non sans mal, de faire rentrer ce concept de « prendre soin des soignants » dans l’hôpital… Je suis la Dona Quichotte du massage des soignants. Une longue route m’attend avant que cela devienne partie intégrante des pratiques de prévention mais je m’accroche (avec mes voyants d’alerte bien allumés !)



Ce que je propose


Prendre soin de soi pour mieux prendre soins des autres : par le massage, par toutes les techniques psychocorporelles à disposition, en créant des sessions, ateliers dans tous les hôpitaux, centre de soins, EHPAD et autres structures de santé. Cela se fait dans beaucoup d’entreprises donc pourquoi pas pour ceux qui prennent soin des autres… Avis aux amateurs, je suis là avec de nombreux praticiens bien-être prêts à agir.

Favoriser l’accès aux médecines complémentaires en parallèle de la médecine « occidentale », pour combiner les soins, les approches. Sortir de cette médecine omniscience, omnipotens ! Les soins de support ne doivent pas être réservés aux seuls services d’oncologie mais pour tous les patients en douleurs chroniques, en pédiatrie, en psychiatrie et dans toutes les spécialités médicales….

Rétablir dans les équipes à l’hôpital, un esprit d’équipe et d’entraide (ce qui est possible comme en témoigne la mobilisation dans la crise sanitaire du Covid19) avec des temps de pauses formelles et informelles pour échanger, s’écouter, se connaître.

La parole est libératrice, et ensemble, en s’écoutant, on peut faire des petits pas qui deviendront des grands pas, des marches franchies et des nouvelles voies pour que la médecine de demain redevienne humaine pour les soignants … et par conséquent pour les soignés.


Françoise Christin





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